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FRANÇOIS MITTERRAND 1916-1996  "HOMMAGE"

 
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Néanmoins, avant de considérer la gauche comme victime de François Mitterrand, encore faut-il rappeler que celle-ci, livrée à elle-même, n'a pas su produire une personnalité de cette dimension. Seule, elle donne un Pierre Mauroy, au mieux un Pierre Bérégovoy ou un Michel Rocard. Tous ses chefs historiques sont donc venus d'ailleurs. Jean Jaurès était issu des rangs « opportunistes », l'une des familles républicaines d'alors qui participait au combat pour l'installation de la République, mais consentait un certain nombre d'accommodements. Léon Blum, quant à lui, était conseiller d'Etat : le Conseil d'Etat n'était pas, et n'est d'ailleurs toujours pas, une officine de recrutement pour les partis ouvriers. Le premier parti dont François Mitterrand a été membre en tant que parlementaire, l'UDSR (Union démocratique et socialiste de la Résistance), pourrait être aisément qualifié d'opportuniste. Les classes populaires ont de tous temps cherché un condottiere, animées qu'elles sont d'un bonapartisme spontané : François Mitterrand se situe dans cette continuité de conquête extérieure. Mais il est aussi dans une parfaite continuité républicaine, si l'on veut bien se souvenir de ce que Léon Gambetta avait appelé « la révolution des places ». Celle-ci est devenue, dans le vocable moderne, le spoil system, le système des dépouilles. Maître d'institutions qui lui permettaient d'agir à sa guise, François Mitterrand a très vite cédé à la tentation d'une véritable hégémonie mitterrandiste, à dire vrai peu différente de celles, antérieures, des gaullistes puis des giscardiens, mais aggravée par l'apparition d'un népotisme présidentiel combinant nominations politiques dans les fonctions hiérarchiques de l'administration et clientélisme pur et simple. Vis-à-vis de cette gauche à laquelle il n'appartient pas et qu'il a gratifiée de ses largesses en la faisant
bénéficier de son sens aigu de l'amitié, il n'est pas exagéré de dire que François Mitterrand a toujours nourri un complexe d'illégitimité.

 
 
 
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