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FRANÇOIS MITTERRAND 1916-1996  "HOMMAGE"

 
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De la même façon, en 1981, il avait laissé se multiplier les promesses les plus imprudentes sans inquiétude ni angoisse particulières, car la priorité était pour lui d'ancrer sa légitimité à gauche. Sans celle-ci, d'ailleurs, il n'aurait certainement pas pu l'emporter et faire en sorte que les années 80 soient marquées de son empreinte personnelle. Légitimé à gauche en 1981, consacré en 1988 bien au-delà des frontières de celle-ci : l'histoire retiendra que ce combat pour son image lui a permis de s'imposer dans des contextes contradictoires, d'abord celui des années socialistes de la première législature, ensuite celui de la résistance présidentielle dans la cohabitation avec la droite, enfin celui de son hégémonie tranquille face à une opposition éclatée, à partir de sa réélection. Avant de subir à nouveau le feu de la critique et le poids du rejet à l'approche de la fin de son second mandat.

Ces titres de gloire ont encouragé chez lui un penchant naturel à se croire infaillible, entretenu par une cour qui s'agite tant et si bien autour de lui que le monarque, apparemment toujours courtois, attentif, aimable, poli, n'en était pas moins devenu, au fil du temps, inacessible. En outre, les années et les épreuves avaient renforcé chez lui une vision particulièrement sombre de l'humanité. Il n'avait aucune compassion, mais cherchait plutôt dans les faits et gestes de ses amis comme de ses adversaires les motivations les plus brutales, sinon les plus basses, et guettait constamment la faille, les faiblesses. Bien sûr, ne retenir de
quatorze années de présidence que sa capacité à rebondir, après la crise-colère de 1984 ou après la cohabitation de 1986 par exemple, ne s'intéresser qu'à son habileté tactique ou à sa capacité manoeuvrière est un exercice limité : aucune de ses qualités n'auraient pu s'exercer si François Mitterrand n'avait eu un dessein stratégique, une compréhension de la V République et de l'histoire de la gauche qui lui ont permis de supplanter des rivaux incapables d'une telle vision d'ensemble, rivaux qui avaient pour nom, avant 1981, Guy Mollet, Pierre Mendès France, Gaston Defferre ou Michel Rocard, et après Jacques Chirac.


 
 
 
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