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FRANÇOIS MITTERRAND 1916-1996  "HOMMAGE"

 
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Mais rien n'interdit de constater que si sa présidence a été un succès personnel pour François Mitterrand, les années d'exercice du pouvoir ont été globalement un échec pour la gauche. D'un côté, l'achèvement incontestable d'une aventure personnelle, de l'autre, une défaite collective pour l'idéologie dont il apparaissait comme le grand prêtre.
Depuis le moment où François Mitterrand a rêvé de conquérir le pouvoir, il a fait preuve de son aptitude à se hisser à la fonction suprême, ainsi qu'à se montrer à la hauteur de celle-ci, mais les idées qui lui ont permis d'accéder au sommet ont été balayées par l'exercice du pouvoir. La culture d'opposition socialiste, dont il était l'oriflamme, projetait les fantasmes du XIX siècle. Celle du monarque républicain l'a conduit essentiellement à s'adapter au temps qui vient - « Je prends l'Histoire comme elle vient », disait-il -, au besoin en utilisant les armes du vaincu, en adoptant la politique de ceux qu'il avait électoralement défaits, en validant et en faisant siens les choix qu'il avait combattus. François Mitterrand a donc exorcisé les illusions de ceux qui l'ont aidé, entouré, porté au pouvoir.
Il a sculpté sa propre silhouette sur un socle libéral et européen, cependant qu'achevaient de se disperser les cendres des textes de François Mitterrand l'opposant, l'auteur du Coup d'Etat permanent. François Mitterrand fut donc le triomphateur politique de ses adversaires, en même temps que le vainqueur idéologique de ses amis .

Sans doute cet étrange destin est-il dû en partie à ce que François Mitterrand a du gouverner en un temps de fortes mutations. Il a donc « géré le capitalisme » de son mieux. En fait de capitalisme d'ailleurs, il ne faut jamais oublier que la France vit dans un système dans lequel le principe est bien celui du marché, mais qui continue de prélever, pour le redistribuer, près de la moitié du produit national. Si l'on veut caractériser le parcours idéologique du mitterrandisme, il suffit de
prendre l'exemple des nationalisations et du secteur public. Le candidat Mitterrand les avait présentées comme l'élément-clé du changement, symbole de la « rupture » et levier principal d'une transformation radicale de l'économie. 1981 : le président nationalise beaucoup (les banques et les assurances) et, surtout, il nationalise pour contrôler. Il veut instaurer un contrôle politique sur l'establishment industriel et financier qui assurait jusqu'alors à droite sa mainmise sur le capitalisme français. En nationalisant Paribas et Suez, le président croit connaître l'ivresse de qui saisit le coeur de ce capitalisme. 1984 : alors que Pierre Mauroy achève de se battre sur la « crête des deux millions de chômeurs », les nationalisations sont présentées comme le moyen de sauver l'industrie française par le renouvellement de ses dirigeants et par des moyens accrus dispensés par l'Etat.

 


 
 
 
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