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FRANÇOIS MITTERRAND 1916-1996  "HOMMAGE"

 
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1989, ce fut pour François Mitterrand l'apogée de son règne. Le triomphe du 14 juillet de cette année-là fut le sien, dans ce mélange de fête III République et de modernité, où se mêlaient le classique défilé militaire, les foules bariolées ordonnées sous la houlette de Jean-Paul Goude et le rassemblement d'un certain nombre de chefs d'Etat de ce que l'on aurait appelé à une époque le tiers monde. Tout devait concourir à faire de cette journée-là un moment mémorable. François Mitterrand venait d'être réélu un an auparavant. L'opposition de droite était au plus bas, la deuxième gauche, son adversaire de toujours, était ralliée et contrôlée par l'intermédiaire de Michel Rocard devenu Premier ministre. Le président pouvait donc se croire infaillible. Pourtant, ce fut aussi l'année où l'histoire bouscula tout, le président et son projet. François Mitterrand pensait pouvoir faire évoluer la situation européenne vers une sorte de directoire à trois, regroupant l'Allemagne, la Russie et la France. Dans son esprit, la Russie de Gorbatchev devait glisser vers une forme modeste de social-démocratie et l'Allemagne était susceptible de passer sous le contrôle d'un parti social-démocrate inexpérimenté mais utile. François Mitterand put alors se croire au seuil d'une victoire historique au moment où Felipe Gonzalez, socialiste, règne à Madrid, où Bettino Craxi est l'homme fort à Rome, où Oskar Lafontaine, le leader allemand socialiste, s'apprêtait, pensait-on, à conquérir le pouvoir, où Margaret Thatcher donnait des signes évidents d'usure, et où Mikhaïl Gorbatchev paraissait tenir l'Union soviétique.

Comme jamais auparavant, François Mitterrand crut donc son heure venue, et avec elle, celle d'une gauche triomphante, s'apprêtant à bâtir une Europe social-démocrate. D'un seul coup, on le sait, les peuples de l'Est bouleversèrent la donne pour créer un paysage politique méconnaissable. Dès lors, il ne restait plus, en effet, qu'à « prendre l'Histoire comme elle vient ».
 
 

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Merci à Jean Marie Colombani pour son excellent livre écrit en 
collaboration avec Hugues Portolli: "Le double septennat de François
Mitterrand " ainsi qu'à Geneviève Moll pour son fort beau livre,
magnifiquement documenté: "Mitterrand, le roman de sa vie".
 
 

 


 
 
 
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