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FRANÇOIS MITTERRAND 1916-1996  "HOMMAGE"

 
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Au coeur du conflit, il y a ce procès fait aux gaullistes, celui d'avoir confisqué politiquement la Résistance et ses valeurs : « Le récit reste à écrire de la savante élimination de la Résistance de l'intérieur par celle de l'ombre », dira-t-il à Alain Duhamel dans Ma part de vérité, avant de poursuivre : un tel récit « révélera comment le chef de la France libre parvint à confisquer le capital de sacrifices amassé par le peuple obscur des soldats de la nuit ». Accusant le général d'avoir, à l'instar de Staline, réécrit l'Histoire, il concluait, amer : « Les services rendus à la France sans avoir contribué à la gloire de de Gaulle ont été tenus pour négligeables, sinon suspects. »

Suspect ! François Mitterrand l'est en effet, a priori, aux yeux de Michel Caillau, neveu du général de Gaulle, lui aussi ancien prisonnier évadé et qui contesta à François Mitterrand le leadership sur l'organisation du mouvement de prisonniers, et dont tout un chacun s'accorde pour dater l'origine de la mésentente avec de Gaulle. Dans ce rapport, Michel Caillau décrit donc François Mitterrand comme un arriviste, et surtout comme un pétainiste : n'a-t-il pas reçu la francisque, cette décoration du régime vichyste, qui lui fut en effet décernée alors qu'il était à Londres.  «Lorsqu'elle m'a été attribuée en 1943, j'étais en Angleterre. Ce fut très pratique à mon retour. Un bon alibi. » Le procès en vichysme n'en fut pas moins constamment instruit contre lui, jusqu'à la polémique suscitée par la mise en accusation pour crimes contre l'humanité de René Bousquet, l'ancien chef de la police de Vichy. Nommé chargé de l'information au Commissariat général aux prisonniers de guerre, François Mitterrand croisa, en effet, à Vichy des fonctionnaires et des politiques qui étaient loin d'être tous des collaborateurs, mais dont certains croyaient pouvoir reconstruire la France à l'ombre de l'occupant. Des hommes qui, en quelque sorte, assuraient la continuité de l'Etat et qui, pour certains, basculeront progressivement dans la Résistance, tandis que d'autres resteront en place au-delà de cette période d'hésitation des années 40 à 42, qui fut celle de François Mitterrand comme de nombreux futurs résistants.

 


 
 
 
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