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FRANÇOIS MITTERRAND 1916-1996  "HOMMAGE"

 
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Comment choisir ? Comment tenter d'apercevoir la vérité d'un homme aussi complexe ? Bien que l'exercice du pouvoir soit un sérum de vérité, il serait vain de continuer de décrire un personnage à facettes. Bien sûr, il a été cette oscillation permanente, désormais bien connue. Il lui fallaitd'abord porter la croix de sa fonction. Elu président par une majoritécontre une minorité, il aspirait à incarner la France et à représenter tousles Français. Et il alla de l'une à l'autre obligation. Plus que nul autre, il fonctionnait avec deux hémisphères cérébraux, l'un pouvant contredire ou contrarier l'autre. D'un côté, le principe de mouvement ; de l'autre, celui de réalité. D'un côté, la volonté d'être un moment de l'histoire de France, écrire l'histoire de son pays ; de l'autre, le souci d'être le philosophe de sa propre action, d'en être le premier observateur, comme s'il bâtissait lui-même l'imaginaire de son royaume.

Mais cette explication est elle-même insuffisante. Car il y a bien eu plusieurs personnes dans le même homme. Il avait d'ailleurs lui-même séparé les différents compartiments de sa propre vie, qu'ils fussent publics ou privés, par tant de cloisons étanches qu'à la fin il ne s'y reconnaissait plus nécessairement. Il était en perpétuelle représentation, y compris devant lui-même ; lui qui était tant préoccupé de se construire chaque jour avait progressivement glissé vers une reconstruction permanente et complaisante de sa propre réalité.

Au reste, ne s'était-il pas montré inclassable dès le départ, dès cet article contre les accords de Munich, qu'étudiant il publia dans la Revue Montalembert, éditée par les élèves du 104 rue de Vaugirard, contre le sentiment dominant de la petite-bourgeoisie catholique et bien-pensante dont il était issu et dont les enfants peuplaient ce foyer tenu par des pères maristes. Tout droit sorti du collège Saint-Paul d'Angoulême, où il reçut l'éducation et l'instruction de « braves curés de campagne », curés diocésains et prêtres séculiers, et non, comme on le croit, chez « les bons pères », François Mitterrand avait débarqué au Quartier latin à l'automne 1934, à l'âge de dix-huit ans, logeant au « 104 », foyer qui par nature ne risquait pas d'héberger de dangereux révolutionnaires.

 


 
 
 
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