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FRANÇOIS MITTERRAND 1916-1996  "HOMMAGE"

 
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Traître à sa classe ou à son camp, un homme qui n'a d'autre règle de conduite que son habileté manoeuvrière : c'est la thèse qui est restée dominante à droite, avec quelques variantes. Georges Pompidou l'avait inaugurée, en lui reprochant d'être « l'aventurier de sa propre vie ». Puis on a expliqué qu'au fond c'était un homme de droite qui s'est servi de la gauche pour assouvir sa passion du pouvoir. Les communistes, qui lui ont fait la courte échelle, s'en sont évidemment mordu les doigts : n'a-t-il pas clos la question communiste en France, bien avant la chute du mur de Berlin ? Les communistes, donc, l'ont dénoncé comme le serviteur zélé du capitalisme. Et non sans raison, puisque les deux «quinquennats» socialistes auxquels il a présidé resteront dans l'Histoire comme une période de modernisation, de restructuration forte et accélérée du capitalisme français.

Les uns et les autres l'ont, en tout cas, considéré trop pour ce qu'il n'était pas, ou pas tout à fait : un homme sans foi ni loi. Mais ils ont vraisemblablement exagéré son habileté. Après tout, il lui est arrivé plus souvent que de besoin de se tromper. Il est arrivé aussi qu'on le surestime, tout simplement. Ce fut la vision socialiste idolâtre, première manière. Il apparaissait alors comme un être protéiforme, une sorte de Grand Mamamouchi, « le plus juste, le plus grand ». Jack Lang fut le grand prêtre de cette liturgie, lui qui vit dans la victoire du 10 mai 1981 l' annonce « de la libération des énergies, de la reconquête de soi-même, de la maîtrise de notre destin collectif ». « Les Français ont franchi le 10 mai la frontière, ils ont vaincu la peur et bravé les interdits, ils ont brisé les rêts de l'obscurantisme et donné ses chances à la lumière », écrivait le nouveau ministre de la culture le 2 octobre 1981. La vision rocardienne, enfin, est à l'opposé. Il était au contraire, alors, vu comme l'usurpateur et l'imposteur, celui dont les actes et les discours ont conduit tout droit la gauche à la défaite de mars 1986, puis au désastre de mars 1993.

 


 
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